CHAPITRE 1
Un jour, Arthur reconnut au loin dans le froissement des blés mûrs, le château… le château exactement tel que le décrivait Basha quand elle racontait des histoires le soir pour endormir des enfants…
-Oh ! Basha est extraordinaire ! C’est le même en vrai… le château existe vraiment !
Pourtant il était différent de celui qu’il avait imaginé dans son petit lit… mais une impression étrange disait : -C5’est le même… peut-être à cause de ce donjon en forme de poire.
La palissade du château, légèrement concave, semblait un régiment de bananes se serrant les coudes et qui encerclaient des fruits avec des trous en forme de fenêtre… au centre s’avachissait cette énorme poire, bien dodue…
Arthur pédala encore plus vite en dévalant la route de la colline…
En haut de la poire, dans le petit creux où se blottit la rosée, près de la hampe d’un étendard avec deux épis de blés entrelacés dessinant un Y, une petite fille regardait la campagne autour du château. Elle semblait un peu triste. Le château pourtant immense semblait si petit à ses pieds !
Elle aperçut Arthur. Non… pas Arthur, car elle ne connaissait pas son nom. Elle aperçut un garçon qui devait avoir dix douze ans et qui pédalait fort sur une bicyclette rouge… c’était un vétété… mais comme elle ne sait pas ce que veut dire ce mot… elle aurait dit quoi? bicyclette ou vélo ou bécane ou rad pour parler comme son cousin Germain… elle voyait le garçon comme s’il chevauchait un cheval efflanqué, donc très maigre… on aurait vu le dessin des côtes derrière la peau, on aurait pu y jouer de la harpe… et le cheval aurait henni de rigolade… ce chatouilleux cheval… et parce qu’elle avait toutes ces images qui se bousculaient dans la tête, la petite fille sourit, la première fois depuis très longtemps, elle sourit… et à cause du mouvement des jambes si rapide qu’elle distinguait à peine le bas du corps du garçon (qui s’appelait Arthur même si elle ne le savait pas)… il pédalait si fort… elle éclata de rire, se le représentant en cul de jatte dévalant la colline… et quand elle imagina qu’il allait plonger la tête la première dans l’eau des douves… et remonter à la surface avec un nénuphar sur le bout du nez et une grenouille prisonnière dans sa culotte qui faisait des bonds pour s’échapper… elle pleurait de rire en se tenant aux créneaux du donjon… je connais même une personne qui dit « pé-ter… de rire… » rire aux éclats (il faut ensuite après aller chercher tous les morceaux pour les recoller… ou alors c’est un rire qui sort de partout en traversant tout le corps)… en tout cas un rire d’un boucan d’enfer qui aurait réveillé Gargantua s’il avait été dans le coin à ronfler sous un chêne après un gros dîner !
Mais Arthur ne vit pas d’éclats de rire dans le ciel, il regardait le château se dessiner sous ses yeux.
Le château des histoires de Basha se dressait si haut si beau et luisant comme une charlotte…
et il était habité semblait-il !
Aux poignets, Arthur avait des bracelets avec des grelots qui résonnaient si longtemps qu’Arthur pouvait, s’il se perdait, retrouver son chemin grâce à l’écho suspendu dans les airs comme une portée musicale… une sorte de guirlande tintinnabulante serpentant derrière lui. C’était un cadeau magique que lui avait fait Basha… Arthur s’était un jour perdu en forêt et maintenant il avait ce fil d’Ariane qui le rassurait…
Le soleil semait des graines de lumière et pourtant depuis qu’Arthur avait quitté la maison le soleil n’avait pas bougé et ce qui était encore plus étrange et extraordinaire, le soleil ne projetait aucune ombre ! avez-vous déjà vu ça ? Comme si une clarté égale et inverse venant du sol montait pour équilibrer cette lumière extraterrestre !
Les feuilles, les fleurs, les troncs, les blés, les poissons dans l’étang et dans les douves… tout avait cet aspect égal, terne et sans relief. Arthur fut étonné mais sans plus. Il était attiré par ce château… le fameux château d’Y aux Mille Robinets où semblait couver un silence sacré et mystérieux.
Arthur adossa son vélo contre un saule pleureur qui laissait baigner ses racines dans l’eau des douves.
Arthur traversa le pont-levis, leva les yeux pour juger cette gigantesque muraille plongeant sur lui. Quelle hauteur vertigineuse !
La porte était hermétiquement fermée… pas le moindre trou de serrure pour regarder à l’intérieur ! Une herse plantait ses dents dans un caniveau pavé. Il y avait bien une petite porte dans la grande porte, mais pas de poignée.
Il fallait attendre. Mais attendre quoi ? Ben ! qu’on vienne lui ouvrir pardi ! Il voulait entrer… s’il fallait attendre, il attendrait… il n’était pas inquiet… chaque chose en son temps se dit-il en répétant ces mots que lui disait souvent Basha. Il retourna près de sa bicyclette et s’allongea dans l’herbe sous le saule. Les branches et les longues feuilles alanguies, souples comme de longs cheveux verts et jaunes lui caressaient les joues et lui chatouillaient le bout du bout du nez !
Il manquait une pièce au puzzle : la clé.
La clé avec un e accent aigu sur le e ou la clef avec un f après le e… c’est comme on veut, c’est assez pratique quand on n’aime pas l’orthographe… mais chut! le f est muet… as-tu déjà entendu « ferme la porte à cleffe? »
(mais le mot orthographe je l’écris avec ph pour faire plus joli ! c’est mon avis et pour monsieur Robert aussi…)
Une clé pour entrer dans le château ?…
Oh! oh! il faudrait que je trouve un autre mot pour remplacer le mot château… c’est la onzième fois (j’ai compté) que j’utilise ce mot… Vous avez des idées ? citadelle ? château fort ? ville forte ? forteresse? Bastille? Fortin?
-il faut que je me repose un peu… en fermant les yeux je vais peut-être me rappeler les détails de l’histoire de Basha… et Arthur s’endormit serré dans son chandail. Derrière sa tête, la roue de bicyclette faisait un énorme soleil ou une auréole… mais non Arthur n’est pas un saint !… dans la brise on entendait une mélodie: sol, sol, sol la si si dièse…
CHAPITRE 2
Arthur se réveilla en sursaut quand le vélo se mit à hennir. Une crotte de mouche se posa sur le bout du bout du bout du bout de son nez et il éternua si fort qu’on a vu le soleil trembler s’éloigner et rebondir dans le ciel…
Le château fort, lui, n’avait pas bougé… bref tout se remit lentement en place… le château se dessinait contre le ciel vert pâle sans se refléter dans l’eau calme des douves. Le vélo n’avait pas disparu et ressemblait à une bicyclette et Arthur se dressa comme un ressort en entendant résonner contre ses tempes une voix familière… il n’arrivait pas à savoir si la voix était à l’intérieur de sa tête ou si elle venait de quelque part derrière le saule pleureur… une phrase revenait sans cesse comme une balle de jokari… c’était la voix de Basha… ça c’était sûr !une voix vieille un peu cassée mais douce… on dirait un sucre d’ogre… (mais non typographe à la noix !… tu es dyslexique) on dirait un sucre d’orge au goût d’antésite ! Il l’imagina, avec son parfum de citronnelle et de lavande, se penchant dans l’alcôve pour l’embrasser en lui murmurant les quelques mots qu’on emporte comme des cadeaux à la nuit.
-la chouette est la clef des demeures paisibles. La chouette est la clef des demeures paisibles. la chouette est la cl…
et Arthur se précipita vers le pont-levis… ses sabots martelaient les traverses en bois. Arthur buta presque contre la porte. Il était hors d’haleine et tout excité. Entre deux respirations il cria :
-j’ai trouvé ! ( il n’a pas pu dire « eureka » car il n’était pas Archimède et il ne parlait pas grec !)
En soufflant entre ses deux pouces réunis pour obturer en partie ses deux paumes formant un coquillage, il essaya d’imiter le cri de la chouette… rien… rie… un léger pfuit… et enfin un premier hululement jaillit du creux des mains et la petite porte s’entrebâilla en couinant ; la herse rouillée s’éleva en crissant dans un affreux bruit de chaînes à fantômes… la chair de poule ou la chair d’oie comme dirait un anglais…
Dans la cour pavée, la lumière était différente, des ombres animaient le mur d’enceinte. Dans un coin de mur, une grosse fleur était toute courbée. Elle pleurait ses pétales d’or et pourtant elle était belle, luisante… on aurait dit un soleil.
-Ne sois pas triste ! Je vais te consoler… lui dit Arthur avec la voix qu’il fallait pour soulager la peine. qu’il devinait sans pour autant en connaître la cause ; il redressa avec délicatesse la tige vers le soleil immobile… au même instant, il entendit un murmure derrière lui.
-Tiens c’est bizarre ! dit Arthur.
Il redressa la fleur une nouvelle fois et le murmure recommença plus clairement !
Un mur qui murmure ! Ça c’est drôle !
Y-a-t-il une relation ? Se demanda Arthur qui redressa une troisième fois la tige en examinant le pan de mur d’où venait le bruit. Un rectangle se dessina se craquela dans les joints des pierres. La porte en pierres chuinta couina crissa et finit par s’ouvrir en grand fracas, comme si elle n’avait pas été utilisée depuis… depuis… je ne sais pas au moins cent ans… et une porte qui n’a pas été ouverte depuis cent ans… ça s’entend… non ?
Arthur sursauta, sourit et s’écria :
-Merci mademoiselle tournesol… moi je t’appelle comme ça mais Basha t’appelle avec un autre nom très joli…
Arthur lui fit une révérence et sans hé-si-ter ! Une seule seconde il s’engouffra par la porte vers le noir et l’inconnu…
Moi j’aimerais bien savoir qui aurait fait comme lui sans avoir un peu peur ?
Arthur avançait courbé dans un étroit boyau… pendant plusieurs heures peut-être… il voyait au loin quelque chose, un reflet rougeâtre… une lumière sans doute… de toute manière Arthur ne pouvait pas reculer… il était comme emporté attiré par cette lueur… il ne faisait pas vraiment froid mais Arthur a senti le besoin de remonter un peu plus le col roulé de son chandail! Peut-être pour se rassurer un peu…
Arthur déboucha soudain, après un virage dans une énorme salle circulaire : la paroi, le plafond, le sol étaient tapissés d’un marbre blanc légèrement veiné et brillant… on avait l’impression de marcher sur la lune… on se sentait léger… on rebondissait si facilement… et le plus étonnant : la paroi était hérissée de robinets de cristal… des centaines de robinets…
CHAPITRE 3
En ouvrant le premier robinet qui était à portée de main, des perles jaunes et rutilantes coulèrent et cliquetèrent en rebondissant sur le marbre… des billes de toutes les couleurs… il grimpa contre la paroi en utilisant les robinets comme des prises et les ouvrait… des perles et des cristaux en coulaient: rose, parme, turquoise, ambre, indigo, émeraude, amarante, rubis, or, argenté, cristal, nacarat, garance et des couleurs qu’il n’avait jamais vues ni même imaginées et qu’il aurait été incapable de décrire… plutôt verte mais avec des reflets pourpres et un soupçon d’or patiné… puis Arthur referma tous les robinets sauf celui d’où s’échappaient les gouttes turquoises.
Quel bruit de cascade ! les perles coulaient en cataracte, de superbes grêlons gros comme des œufs de caille… mais sans les taches. Arthur se déshabilla et plongea de tout en haut du mur dans ce bain aux vagues bleutées miroitantes. Le niveau montait, Arthur ferma le robinet et il nagea emporté par un courant ; il attrapa son chandail qui allait couler, son écharpe et sa culotte… il fut aspiré par un trou… et glissa dans une salle triangulaire et en forme de pyramide. Du sommet pendait une chaîne qui pinçait une boule de lumière bleue. Au sol un carrelage à damier rouge et jaune avalait les perles… puis soudain se fut le silence. Sur chaque mur oblique il y avait un robinet avec une étiquette…
Histoire du passé, Histoire du présent, Histoire du futur…
CHAPITRE 4
Sous le globe de lumière bleue, un quatrième robinet avec lui aussi une étiquette… ce n’était pas très lisible car c’était un peu haut… mais ce qu’il déchiffra le laissa un peu perplexe : Histoire inventée.
Arthur actionna le premier robinet et fut emporté par une gigantesque inondation : Arthur était un homme d’une vallée d’Afrique du sud du Nil bleu, suivi de sa nombreuse famille : ses cinq femmes et de ses trente deux enfants, et il sauvait le feu. Il avait eu tant de frayeur à l’approcher et ensuite tant de mal à le capturer qu’il semblait emporter avec lui un trésor. L’incendie de la savane, provoqué par la foudre, avait tout ravagé jusqu’au lac si grand qu’il formait une mer intérieure où de nombreux animaux étaient venus se réfugier et où ils étaient morts noyés à cause de la panique… le radeau qu’Arthur avait fabriqué à la hâte s’était échoué sur le flanc d’une montagne. Dans une cruche de terre, percée de fentes oblongues, il avait déposé des braises et maintenant les braises ronronnaient. Les femmes l’alimentaient avec précaution, économie et le feu s’anima d’une belle flamme orange, mais il fallait chacun à son tour le veiller jour et nuit. Arthur décida de brûler le radeau, car les enfants trempés par les pluies diluviennes grelottaient. D’autres familles rescapées furent attirées par cette lueur qu’elles prirent d’abord pour une étoile tremblotant à l’horizon… elles demandèrent secours et protection et Arthur partagea le feu. Mais lui seul en était le gardien suprême et savait en refaire à partir de morceau de bois dur et d’une écorce… il devint roi.
Arthur fut Aztèque et trouva un stratagème pour soustraire à la convoitise des Portugais des charrettes remplies d’or, de pierres précieuses, de bijoux. Il avait fait croire que les chaudrons et les lourdes malles étaient remplis à ras bord …mais en fait les pierres du dessus flottaient sur un lit de mercure… Arthur fut chasseur Mongol et traversa avec ses compagnons sans descendre de leur petit cheval râblé le détroit du fin fond de l’Arctique sur de petites embarcations tendues de peaux d’otarie, très étroites… le cheval était sacré et ce peuple ne descendait jamais de cheval… Arthur découvrit le pouvoir magnétique d’une météorite qui fut adorée par une communauté Inuits aux confins de leur univers glacé… pourquoi… pourquoi… comment… l’histoire et les mythes venaient du plus profond de l’univers dompté ou adoré par l’homme… Arthur fasciné par toutes ces histoires ne savait plus où donner de la tête… le passé si vaste semblait remonter à la surface, il suffisait de dire un mot en ouvrant un robinet et c’était parti… Arthur restait bouche bée… le robinet racontait l’histoire… il fallait se souvenir de cette salle… c’était toujours bon à savoir ! C’était comme une énorme encyclopédie…
Le robinet du présent l’aurait intéressé mais la crainte d’apprendre que Basha pouvait être inquiète de son absence lui pinça le cœur et il se dirigea vers le dernier robinet à peine accessible en se hissant sur la pointe des pieds : robinet du futur…
-Le futur est plutôt derrière moi… non ? Puisque je ne le vois pas… c’est ce que pense une ethnie de l’Afrique orientale… dans ce cas c’est un peu comme des histoires inventées qui se vérifieront un jour ? Peut-être ? Et pour se réaliser elles doivent tomber dans le présent avant de passer dans le passé, le souvenir, la mémoire… le présent est une sorte d’écumoire…
Les histoires inventées sont-elles plus magiques parce que son robinet est très haut et presque inaccessible ?
Il ouvrit le robinet du futur à fond : quelque chose coulait mais invisible, une sorte de souffle mystérieux… une sensation inquiétante. Arthur crut que sa tête allait exploser… pour la rafraîchir, il la passa sous le robinet. Futur immédiat et garanti : il fut immédiatement projeté dans un escalier en colimaçon qu’il dévala quatre à quatre. Il eut le tournis, perdit l’équilibre et tomba dans une pièce complètement sphérique et féerique… comme si on était à l’intérieur d’un astre… (cela m’est arrivé une fois et je vous assure que c’est une expérience peu banale surtout lorsque vous voyagez avec Cyrano de Bergerac quand il m’invita il y a très longtemps pour son voyage sur la Lune !)
La pièce roulait et Arthur devait marcher perpétuellement, sinon il perdait l’équilibre et tombait ou glissait perpétuellement sur les fesses… et ça brûlait… comme une fessée déculottée éternelle… rien à faire… ce n’était pas là encore qu’il pourrait se reposer car c’était trop monotone et les robinets se dérobaient au dernier instant en ricanant ! Et bizarrement il fut soulevé et transporté dans une autre salle sans avoir le souvenir d’avoir bougé… il était là et en même temps à Yeures !… et Yeures c’est parfois très loin ou très proche ça dépend… il se sentait entier divisé et démultiplié… une étrange sensation… comme lorsqu’on pense à quelqu’un qu’on aime et qu’on n’est pas à ses côtés.
CHAPITRE 5
Il n’y avait pas de point lumineux et pourtant la bulle irradiait une clarté et contre la paroi d’albâtre dansaient des chiffres des lettres et des signes… d’un robinet mat se déversaient en débits lents des formules : des formules de calculs, des opérations simples qu’Arthur connaissait par cœur. 2+2=4… 25 :5=6-1 : cela allait encore… mais d’autres étaient plus complexes, longues, incompréhensibles… tout simplement illisibles : des équations colossales qui permettaient peut-être de calculer la masse de la Terre, ou l’orbite d’une planète à des milliards d’années lumière ! Des bandes de chiffres et de lignes interminables pour calculer la quantité d’énergie que pouvait absorber et concentrer un trou noir, ou la réfraction de la lumière à travers le néon (ou néant il n’avait pas eu le temps de bien lire).
Autant il avait compris 2+2=4, autant il abandonna dans la sphère toutes ces formules compliquées flottant dans l’atmosphère un peu euphorisante. Les chiffres, mais aussi des signes, des symboles se croisaient, s’enchevêtraient, se soudaient, s’harmonisaient, se séparaient avec violence… on aurait dit une sorte de danse guerrière qui faisait sa propre musique. Des formules chimiques en glissant dans l’air s’échangeaient des lettres, formaient comme des chaînes dont les maillons, s’articulaient facilement… parfois un nom et une image apparaissaient… il contempla une chose bizarre, un assemblage qui ressemblait à un ballon de football transparent… et dont la formule… Arthur compta tout haut… (et à côté anticonstitutionnellement était un mot ridicule minuscule)… 96 lettres !
Il y avait aussi dans l’air des lettres et des chiffres qui flottaient tous seuls ! un peu comme une retenue perdue d’une opération très simple. Arthur avait l’impression d’être dans un alambic géant où se transmutait et s’inventait la nature de l’univers et il joua lui même à assembler au hasard des signes des chiffres des lettres, il inventait des équations qui créaient des objets extraordinaires que même l’imagination ne pouvait concevoir !… une sorte de jeu de cube qu’un rien, -une lettre mal placée par exemple- pouvait faire écrouler en grand fracas… peut-être aussi violent qu’un Big Bang ! Un jeu dangereux mais excitant.
Arthur ébahi, avala sans s’en apercevoir la formule chimique d’un alcool très volatile… en moins de deux le liquide se transforma en parfum ! Impossible de se défaire de l’odeur qui l’enveloppa totalement. Il eut le hoquet mais rien à faire… Arthur crut pouvoir s’en débarrasser en quittant la pièce… mais non… rien. Ce parfum de framboise suintait de partout à en être écœuré !
CHAPITRE 6
RonnnnnnnRRRRRRonnnnnnnnnn
Le conteur s’est endormi et on n’arrive pas à lui sortir les phrases de sa bouche : elles sont coincées emberlificotées dans sa tête… on a beau tirer… rien ne vient, alors excuse-le et passe au chapitre suivant ; et s’il se rendort donne-lui un bon coup de dictionnaire sur la tête ! Quoique…
ce qu’on appelle à dessein le coup du Robert !
CHAPITRE 7
Finalement, on continue ? Arthur dévala dans une salle étrange, sans forme, molle, percée d’alvéoles, prolongée de labyrinthes tentaculaires d’où pendaient des poches flasques blanchâtres comme les vessies natatoires des perches qu’Arthur pêchaient dans les rivières. Transparentes, elles tremblèrent quand il traversa avec dégoût ces lieux visqueux un peu répugnants. Il n’y avait pas de robinets, mais au fur et à mesure qu’il forçait l’ombre, Arthur avait l’impression que QUELQUE CHOSE habitait cette sorte de caverne pleine de méandres secrets… des serpents creux partaient dans tous les sens et il avait l’impression de ne pas être seul… on l’espionnait… quelqu’un caché dans un recoin sombre l’observait…
Arthur, une boule dans la gorge, se mit à transpirer ! en avançant il avait l’impression de marcher dans une boue gluante et en levant le pied ça faisait kouift shlock.
-Il y-a quelqu’un ? Yaquelqun… yaquel… yak… meuglaient des échos de plus en plus sourds.
Quel soulagement de découvrir, en effleurant la paroi grumeleuse, que chaque alvéole abritait un souvenir, un fragment, une bribe de sa propre mémoire… toute sa vie décortiquée reposait sagement là : chaque souvenir comme une nymphe dans sa chrysalide, immobile et pourtant bien vivante sous une membrane opalescente se gonflant légèrement avec régularité.
Dans l’une de ces alvéoles reposait comme dans un nid un duvet rouge… une peine l’envahit soudain et un souvenir triste, si lointain qu’il croyait l’avoir oublié, explosa comme une bulle de savon :
Cet hiver-là fut si rigoureux… un rouge-gorge était venu se réfugier sur le rebord de la fenêtre. Les pattes fines comme deux brindilles enduites de givre furent vite prisonnières de la neige accumulée sur l’appui… l’oiseau avait dû se débattre, avait perdu des plumes dont certaines avaient la couleur du sang ; l’oiseau avait appelé au secours kuite cuit cuite QI… Arthur l’avait entendu trop tard. Alerté par les plaintes, il n’eut que le temps de réchauffer quelques instants cette petite boule ébouriffée transie dans le creux de ses paumes. Mais ni a chaleur soudaine ni les paroles câlines ne purent le sauver… et cette même nuit, Marthe, la tante d’Arthur, était sortie et avait disparu… Arthur n’avait pas pu aller à l’école pendant tout le reste de l’hiver… tous les chemins et les routes étaient bloqués… il jouait avec son bonhomme de neige dans le verger… et en mars il y eut le dégel. Le soleil brillait et vers midi, tante Marthe, apparut sous la dernière pellicule de neige du bonhomme de neige, immobile, transparente presque, avec son panier serré contre son ventre et elle semblait marcher vers la maison.
Voilà les souvenirs réveillés par cette plume… Arthur pleura… dans une autre alvéole une pomme toute fripée, dans une autre, une mèche d’or que sa sœur avait coupée le dernier jour de moisson selon une vieille coutume d’offrandes… prière d’abondances… tout le village était là pour la fête, et ils avaient dansé jusqu’à l’aurore et il fallait se faire passer les mèches de chacune des fillettes sans les mélanger sans en perdre un cheveu… sinon !
Arthur traversa la grotte en silence, la plus émouvante de toutes les salles visitées jusque là. Il était réconforté à la vue de tous ses souvenirs du plus lointain au plus récent. Déjà il y avait dans une alvéole un fouillis de formules chimiques aussi inextricables que des cheveux dans une brosse !
Il se retourna mais la grotte était vide… les alvéoles ternissaient… une fois dépassés, les contenus s’évaporaient. Une seule fois il s’interrogea en se penchant sur une fosse noire qui semblait profonde : rien n’y était enfoui… ce devait être un trou de mémoire… sans doute ! Alors il s’enfuit en courant difficilement jusqu’à la porte au fond d’un couloir sinueux, un couloir traversé de toiles d’araignées qui attrapaient et fabriquaient les souvenirs.
Le hoquet reprit de plus belle quand la porte claqua dans son dos.
CHAPITRE 8
Les murs de cette nouvelle salle étaient recouverts de trous où venaient respirer des fauves. Ils ne pouvaient qu’y passer la tête ; ça puait et tous les animaux de la Terre et de l’Imagination y étaient montrés; chacun, du plus dangereux du plus méchant au plus chimérique avait son passage… des têtes féroces hurlaient aboyaient rugissaient glapissaient, criaient ; leurs baves gluantes ruisselaient sur la céramique murale. Le sol était une mare de bave avec des bulles. Parfois un animal arrivait à glisser ses griffes avant la tête et tentait de blesser Arthur qui se sentait comme un pauvre gladiateur dans une arène. Un gypaète béquetait, griffait les bords et l’émiettait… des crocs luisaient autour de babines pendantes et rouges… des griffes lacéraient les grilles : un bruit infernal tourbillonnait dans cette salle, assourdissant . Un molosse à trois têtes aux yeux multicolores, aboyait.
À un autre endroit un griffon vert suant crachait des flammes. Tous les yeux affamés et brillants le fixaient… Arthur ne se serait approché à aucun prix mais il trébucha et une hyène le mordit au coude… il cria… mais l’énorme gueule n’avait attrapé qu’un morceau de chandail et la bête avala le lambeau comme si c’était un morceau de chair et Arthur courut jusqu’à une trappe et s’évada en glissant dans une sorte de toboggan plein de dos d’âne.
À cause des bosses, le hoquet qui avait disparu reprit de plus belle.
CHAPITRE 9
Arthur déboula dans un espace informe limité par une forêt de colonnes de fumée soutenant un plafond nuageux, un peu comme un drap tendu qui se gonflait et se dégonflait… on aurait dit que le plafond respirait… un grand écriteau était suspendu entre les colonnes :
« salle de toutes les formes de l’univers, des plus élémentaires aux plus complexes en passant par les plus farfelues. »
Arthur ouvrit un premier robinet : des cercles, des carrés, des triangles, des trapèzes, des hexagones coulaient pêle-mêle et se composaient en rebondissant sur le sol carrelé. D’un second robinet il laissa s’échapper des volumes géométriques parfois extrêmement étonnants, d’un autre il suffisait de dire « érable » pour voir couler une feuille d’érable, d’un autre qui fuyait goutte à goutte se formaient des formes qui le firent beaucoup rire : des patatoïdes, des bananoïdes, des whatisitoïdes…
-Mais… mais que m’arrive-t-il s’écria Arthur en regardant le revers de sa main et la manche de son chandail…
Une multitude de petites gouttes s’agglutinaient sur son chandail son pantalon ses mains ses pieds et en passant la main sur sa figure il sentit que la même chose lui arrivait sur le visage… il cria… mais personne ne pouvait l’entendre. Il était seul. Toujours seul ! En quelques instants Arthur fut transformé en FRAM-BOISE. Une framboise bien brillante et d’une belle couleur. Arthur se rappela avoir avalé la formule chimique de la framboise… et voilà que dans cette pièce de toutes les formes de la Terre il fut transformé en framboise ! c’est trop fort ! cria-t-il. Ses mains devenues minuscules essayèrent avant de disparaître de fermer tous les robinets mais les formes continuaient de couler et la pièce se remplissait se remplissait… et la framboise semblait flotter au beau milieu de toutes ces formes incroyables extra-ordinaires. Elle se glissa parmi les figures géométriques s’écorcha à l’angle aigu d’un triangle isocèle et fut avalée par un disque… non un petit tuyau coudé, une sorte de trop-plein en cuivre… la seule issue de cet espace qui changeait toujours de forme. La Framboise aspirée par le tuyau suivait un chemin bizarre qui montait mais en suivant le dessin d’un escalier irrégulier… il faisait noir et Arthur (oh pardon Framboise) ne pouvait pas reculer…
CHAPITRE 10
Framboise (ou Arthur comme on veut finalement) avançait grimpant descendant grimpant avançant rampant grimpant vuilant tringlant virageant… grimpant avançant slalomant glissant rampant rebondissant… grimpant virageant avançant grimpant culbutant pirouettant rampant chutant … enfin n voyage pas très marrant comme on voit.
(on peut lire ce passage pendant plusieurs heures pour montrer la lassitude d’une marche sans intérêt, mais on peut aussi abréger pour passer à la suite :
-Tu veux ? Bon, alors je reprends ou je continue ?
-On continue.
Arthur aperçut donc dans un lointain de plusieurs jours d’ascension épuisante un petit rond de lumière blanche. Minuscule mais qui donnait espoir de revoir le jour, la vie, la vraie, la sienne…
Soudain une lumière l’aveugla et il glissa et s’effondra dans un énorme compotier !
Par delà les bords lointains de la coupe il aperçut et reconnut l’étendard et le Y qu’il avait vu autrefois en arrivant auprès du château. Il était donc au sommet du donjon ! Le donjon en forme de poire avec sa queue pour l’étendard qui flottait comme une feuille au vent… alors qu’il n’y avait pas de vent !
À ce moment-là une ombre énorme plana au-dessus des fruits. Une main qui semblait être celle d’un géant approcha et hésitait en tournoyant… comme un aigle pour chercher une proie… les doigts griffus planaient et soudain s’agitèrent de gourmandise… Arthur avait trop d’imagination quand il était effrayé… ça c’est sûr Arthur !
-Mais… mais que m’arrive-t-il ? On veut me manger !
La main hésitait toujours. Framboise essaya de se faire toute petite, de se glisser entre d’autres fruits… mais non la main avait choisi Framboise si rutilante si appétissante ! Une goyave tomba du tuyau roula et se cala entre une banane et un pamplemousse. Deux mirabelles se tenant par la main (oui on va dire comme ça… même si les mirabelles n’ont pas de mains) se détachèrent du tuyau et couvrirent Framboise… mais la main énorme avait choisi… les doigts écartèrent les deux bananes mouchetées comme un léopard et le pouce et l’index saisirent en même temps Framboise et les deux mirabelles.
Framboise cria de toute sa force, mais alors une force majuscule :
-Non ! … Non !… je m’appelle Arthur ! Je ne suis pas une framboise… il y a une erreur… s’il vous plaît ! Ne me mangez-pas !
Il se faisait mal à la gorge et il fallait se faire entendre… mais la main avait soulevé le fruit. Framboise avait quitté les bords rassurants de la coupe. Une bouche énorme s’ouvrit comme un gouffre… -NON !… NON !…
Arthur vit alors que ce n’était pas un ogre mais une Fillette, celle qui ressemblait à celle qu’il avait aperçue autrefois en haut du donjon… il était si petit que même cette main menue était devenue celle d’un ogre… son imagination l’avait même recouverte de verrues poilues ! beurk…
-NON !… NON !… la petite fille en accrochant les mirabelles comme des boucles à son oreille entendit alors une faible plainte. Avec amusement et étonnement elle se rendit compte que la framboise gémissait, parlait. Framboise croyait avoir crié, mais sa voix portait à peine à quelques centimètres !
Une framboise qui parle s’interrogea la Fillette ?… c’est vraiment bizarre ! Comme c’est bizarre !
-J’ai avalé la formule chimique de la framboise et j’ai été transformé en Framboise voilà mais je m’appelle Arthur, murmura minusculement Arthur qui n’avait plus la force de crier.
La Fillette rit comme elle n’avait pas ri depuis longtemps en secouant sa chevelure qui dansait sur ses épaules comme une flamme. Les mirabelles furent très contentes d’être balancées avec ce rire si sonore…
Encore une fois c’était Arthur qui l’avait fait rire.
Elle récita la formule sans hésiter et pourtant c’était une formule très longue mais elle avait une bonne mémoire et la formule s’envola. Les petites perles rouges devinrent roses et s’agrippèrent aux lettres et aux chiffres de la formule et Framboise redevint Arthur qui se retrouva assis un peu étourdi penaud et inquiet sur le bord du donjon en face de la Fillette !
-Mais dis donc tu ne serais pas le petit garçon qui est venu il y a trois ans sur un petit vélo rouge ?
Arthur ne voulait pas rougir de peur de devenir une tomate… non merci !
-Quoi ! je suis resté trois ans dans le château ! Incroyable ! Ce n’est pas possible ! J’y suis entré hier… ou peut-être avant-hier… en tout cas il n’y a pas plus d’une semaine. Il se regarda…
-C’est vrai ma culotte est vraiment trop courte… on dirait un bermuda ! et mes poignets dépassent largement des manches ! Mon coude est presque à l’air ! Tu aurais donc raison… pourquoi le temps m’a t-il semblé si court ?
La Fillette haussa les épaules et l’interrompit :
-L’important est que tu soies là ! C’est bien que tu soies enfin sorti ! Je finissais par m’ennuyer toute seule ici. Je passe mon temps à apprendre des poésies qui passent par ce tuyau ou des formules qui s’échappent par ce tube d’où tu viens de tomber… des histoires qui arrivent par là… mais ce n’est pas très utile… je me suis laissé prendre dans ce piège… et j’ai atterri ici… c’est long d’attendre…
La fillette hésita avant de reprendre :
-Non attendre n’est pas tout à fait juste !… Avant ta venue je n’attendais rien… j’espérais c’est tout… c’est depuis que je t’ai aperçu que l’attente est devenue un sentiment à la fois triste et d’espérance…
-Et tu parlais de piège… quel piège ? Demanda Arthur en fronçant les sourcils car lui n’avait pas du tout l’impression d’avoir été pris dans un piège, mais il ne comprit pas ce qu’elle avait marmonné entre ses sanglots ni les nuances qu’elle évoquait avec tant de finesse.
Tout à coup elle releva la tête s’ébroua les cheveux et un sourire dessina un arc en ciel sur ses lèvres.
-Je suis contente. Voilà ! J’oublie tout… je n’avais personne à qui parler… je m’ennuyais un peu, beaucoup… passionnément… j’apprenais des choses mais je ne savais pas à quoi elles pouvaient servir…
-Ce n’est plus vrai… la preuve c’est toi qui m’a délivré de cette fichue apparence de framboise !
-C’est vrai !
-Sans t’en rendre compte tu m’as rendu un sacré service ! Je n’y serais pas arrivé… je n’ai pas beaucoup de mém…
Arthur s’interrompit soudain… il y eut un silence traversé par un nuage blanc. Il prit sa tête dans ses mains comme s’il voulait se souvenir de quelque chose.
Et tout à coup il releva la tête et s’écria :
-J’ai une idée… donne-moi la main…
Elle tendit la main sans trop comprendre en fronçant les sourcils.
-Je ne te serre pas trop fort ?
Elle fit non de la tête un peu intimidée.
-Écoute mais ferme les yeux…
CHAPITRE 11
Arthur récita la formule chimique de l’hydrogène. Réciter c’est beaucoup dire. C’est la plus simple -et de loin- de toutes celles qui étaient passées sous ses yeux dans la salle des formules. Il en avait même avalé un bout qui avait flotté et dansé légèrement dans la sphère. Arthur s’était souvenu avoir vu un dirigeable… un Zeppelin avait précisé Basha… gonflé à l’hydrogène… plus léger que l’air avait dit l’instituteur aux enfants quand toute la classe se fut précipitée dans la cour de récréation pour le voir passer au-dessus du village en vrombissant comme une abeille… et l’instituteur avait continué en expliquant la différence entre un Zeppelin et une montgolfière qui utilise l’air chaud. Lui aussi est plus léger que l’air froid… vous voyez les enfants le principe est le même dans les deux cas…
Arthur récita une nouvelle fois la formule magique et chimique de l’hydrogène : H2.
La formule s’envola. Arthur attrapa au vol de sa main libre la barre du H et il secoua les bracelets de grelots.
-Tu peux ouvrir les yeux et accroche-toi à l’autre H qui flotte à côté, c’est le tien !
Sa longue robe flottait. Elle s’étonna :
-Oh ! comme le château est minuscule vu d’ici… mais… mais on vole. On vole Arthur… comment as-tu fait ? On va voler longtemps ?
-Je ne sais pas. Regarde on disparaît dans les nuages patatoïdes ! Dis-moi… j’ai un peu honte je ne t’ai pas encore demandé une chose très importante… comment t’appelles-tu ?
-Arthur tu es vraiment dans les nuages, je ne te vois même plus !
-Ce n’est pas important… tu m’entends… alors dis-moi ton nom ?
-Il y a si longtemps que personne ne m’a pas appelé… j’avais fini par l’oublier… oui c’est ça… ma mère m’appelait Esther…
CHAPITRE 12
Sous le saule Ysolde trouva un vieux vélo rouge un peu rouillé et ne le reconnut pas. Mais en entendant les grelots elle scruta le ciel et crut reconnaître Arthur, peut-être à cause de la mélodie des grelots qu’elle avait déjà entendue. Ysolde ne reconnut pas en revanche la silhouette accrochée à un H dans son sillage. Elle suivit la trajectoire sonore qui s’incurvait vers l’horizon d’où montait la Lune.
Comme pour lui faire signe, elle fit tinter du bout du pouce la sonnette… le timbre -fa dièse- résonna et s’envola vers Arthur… elle crut voir un geste de la main qui lui disait bonjour… mais elle n’en est pas sûre… elle prit alors le vélo et rentra à la maison avec de bizarres idées de ce qu’elle avait vu… ce château étrange… son frère qui volait…
Tard le soir elle se glissa dans le lit tout froid et Basha vint la border et lui raconta une histoire.
Un petit garçon qui s’appelait Arthur -comme ton frère- rencontra une très jeune fille que ses parents nommèrent Esther. Arthur s’amusa à écrire sur le sol leurs deux noms avec des tiges d’épi de blé.
-Regarde… je suis magicien…tu vois je peux enlever la même lettre à ton nom et au mien… et rien ne change quand on s’appellera !… ce n’est pas de la magie… ça ! Et ces deux lettres mises ensemble vont nous permettre d’être plus légers que l’air… si ! Et on pourra voler… ce n’est pas de la magie ? Arthur prit les deux H et attrapa la main d’Esther…
Basha continuait à raconter mais Ysolde s’était endormie et pédalait sur le petit vélo rouge à guidon chromé… elle pédalait vers le château… et rêvait déjà de faire elle aussi un voyage… en route elle découvrit deux bracelets avec des grelots… à qui sont-ils se demanda-t-elle… Arthur les aurait-il perdus ? et elle les enfila à ses chevilles…
DÉBUT
D’UNE
AUTRE
AVENTURE…
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